L'évaluation du paysage : une utopie nécessaire ?

Si le concept de paysage s’est peu à peu précisé ces dernières années, son contenu et ses limites demeurent encore flous et difficiles à cerner. Ceci est probablement dû à l’appréhension difficile du paysage qui comporte de multiples dimensions et relève de plusieurs disciplines. Au-delà de ces incertitudes, le paysage devient néanmoins un élément essentiel du développement économique et s’impose à l’aménagement du territoire. Il participe en effet largement aux processus de patrimonialisation et fournit souvent le support de la reconnaissance de caractéristiques identitaires, à des échelles de territoire diverses, d’essence géographique (terroirs, vallées ...) ou liées à des projets (pays...).

Dans cette perspective, le paysage interpelle le gestionnaire, Développer une gestion paysagère implique toutefois une connaissance approfondie et méthodique des paysages non seulement de leurs caractéristiques et de leurs évolutions mais peut-être aussi de leur valeur. Or à l’heure actuelle, les informations disponibles sur ces différents aspects présentent de nombreuses limites ou même lacunes.

Dans ce contexte, face à ces incertitudes, une des voies qu’il semble nécessaire de développer pour mener à bien la gestion des paysages s’inscrit dans une perspective d’évaluation. Mais celle-ci s’avère-t-elle concrètement réalisable ou reste-t-elle en fait une entreprise utopique ? Un tel questionnement a été proposé à plus de 240 personnes (enseignants, chercheurs, étudiants, praticiens, gestionnaires...) aux horizons disciplinaires et géographiques variés, porteurs d’expériences diverses, mais avec en commun une forte implication dans la réflexion ou la pratique des questions du paysage, réunis à Montpellier durant deux jours, en janvier 2004.

Aucune réponse définitive et unique n’a, bien entendu, pu être apportée. Les 44 textes reproduits dans cet ouvrage fournissent au contraire des éléments de réponse variables suivant les perspectives, les approches, les objets paysagers traités. Ils constituent autant d’apports pour l’avancée de la réflexion sur la pertinence de l’évaluation des paysages. Chacun pourra, sans doute, y puiser des confirmations ou des infirmations, des élargissements, des remises en perspectives de ses propres réflexions ou expériences. Fournir une base pour poursuivre le débat tel en est l’objectif.